Crise et égoïsme
Il est intéressant de constater que cette crise, provoquée par la manière dont les médias ont présenté le virus et la panique qui en a résulté, a surtout frappé une vingtaine de pays (sur 180), les pays les plus riches. Louis Gabaude comparait hier les 51 décès en Thaïlande aux 22 648 en France, pour un même nombre d'habitants. Ce sont aussi les pays qui prétendent avoir un bon système médical, mais qui s’est pourtant montré complètement inefficace dans ce genre de situation. Ce sont peut-être aussi les pays qui ont la conception la plus fausse de ce qu’est la vie, la maladie et la mort, et aussi les pays qui ont toujours été les plus égoïstes par rapport au reste du monde et aux pays pauvres. Ils ne se sont toujours souciés que de leur propre confort et de leur propre richesse, et voilà que tout d’un coup ces deux choses qu’ils croyaient acquises à jamais semblent commencer à leur échapper. La principale préoccupation qui semble avoir motivé le confinement fut de protéger la vie des vieux et des malades, quitte à mettre en péril celle des jeunes et de ceux qui sont en bonne santé. En créant l’effondrement économique de la société, on prolongera peut-être, dans l’immédiat, de quelques mois ou de quelques années, la vie de quelques centaines ou milliers de vieillards et de malades, mais en causant la mort prématurée de millions de gens qui auront perdu leurs moyens d’existence. N’est-ce pas une attitude complètement égoïste ? Est-ce que les vieux et les malades, dans une situation grave, ne devraient pas se sacrifier, ou en tout cas prendre le risque de se sacrifier, pour la survie des jeunes et des générations futures, plutôt que le contraire ? En tout cas moi, à 77 ans, c’est ce que je serais prêt à faire. C’est le pari qu’ont pris les pays qui n’ont pas imposé le confinement : sauver les jeunes, au péril des vieux.
27 avril 2020, Khanom